Que les PUF éditent un livre qui ne soit pas anti-astrologique avait fait grand bruit parmi les rationalistes. Après avoir publié une étude sur les jumeaux, Suzel Fuseau-Braesch revient avec quelques réflexions sur l’astrologie, ou plutôt les sciences.
Après un préambule sur l’histoire et l’évolution (on aurait aimé une étude plus détaillée de l’évolution des significations des planètes et des signes) de l’astrologie, ce livre est en effet composé de chapitres sur les sciences du vivant, la physique, l’astrophysique et les mythes religieux entrecoupés d’entretiens avec quelques-uns des éminents savants de ces disciplines, collègues scientifiques de l’auteur. Le lecteur ignorant (l’auteur ne semble pas apprécier ce genre de lecteur: « Tout le monde connaît la découverte de Pasteur sur l’asymétrie des cristaux d’acide tartrique, sous-produit de la vinification ») est ainsi mis au courant de certaines découvertes en génétique moléculaire par exemple. Toutes les notions évoquées pourraient être nécessaires « pour évoquer la recherche de la nature des liens astres-hommes ». Mais que le lecteur n’aille pas croire qu’il s’agit d’expliquer ou de justifier scientifiquement l’astrologie à l’aide de récentes découvertes. Comme le montre l’exemple du chapitre sur la Bible confrontée à la science, il s’agit plutôt de dire que l’astrologie mérite considération de la part des scientifiques puisque même la religion n’est plus attaquée par l’Union rationaliste: « La question doit être clairement posée maintenant: l’astrologie est-elle plus, autant ou moins mythique que les religions chrétiennes dominantes? Elle sous-tend une autre question: pourquoi l’astrologie est-elle plus attaquée que les croyances religieuses. »
C’est contre les préjugés de certains « scientifiques » que ce livre est écrit. Mais aussi contre ceux de certains astrologues « anti-science ». Suzel Fuzeau-Braesch règle ses comptes autant avec les rationalistes qu’avec les astrologues qui l’ont attaquée à la suite de ses précédents ouvrages. Ainsi, S. de Mailly Nesle qui ne défend pas du tout une approche scientifique de l’astrologie, C. Duchaussoy qui farcit son discours de mots et d’idées « grossièrement approchées ». Sont louangés les Barbault, les Nicola et les Lenoble ou encore les Santagostini (et même Francis Santoni de la société Auréas Informatique pour ses calculs sur la Lune noire) qui ont essayé d’avoir une approche plus scientifique de l’astrologie.
Le lecteur finit par croire qu’il ne s’agit que d’une réponse personnelle aux attaques passées, tant les critiques sont rapportées et commentées. Les réflexions de la scientifiques sont finalement réduites à peu de choses: « Les scientifiques ne doivent pas laisser l’astrologie à son ghetto irrationnel. Ils doivent y travailler eux-mêmes, faire de nouvelles recherches, trier le bon grain de l’ivraie, progresser. Désormais, l’astrologie ne doit pas être et n’est pas face à la science, elle doit prendre sa place dans la science, le temps en est venu. »
On peut reprocher à l’auteur un grossier préjugé: sa méconnaissance totale de l’astrologie sidérale qui ne serait qu’une « mode orientaliste » peu répandue selon elle (la mode, sans doute, le sidéralisme, certainement pas). Les préjugés existent partout, même dans un ouvrage qui veut les dénoncer. Nul doute que Suzel Fuseau-Braesch ne défend qu’une sorte d’astrologie qui est essentiellement psychologique occidentale et tropicale et qui se risque parfois à des prévisions à l’aide des transits. Dommage.
Pour l’astrologie.
Réflexions d’une scientifique
de Suzel Fuzeau-Braesch
Albin Michel, 1996, 282pages, 98 FF
ISBN 2226087664